LA CHARTE DE FRANCHISE
DE MEILLANT


Moi, Jean, comte de Sancerre et seigneur de Charenton, fait savoir aux présents et futurs que moi-même, ayant plein pouvoir sur ma terre, ai concédé et confirmé pour la plus grande perpetuité et la plus solide tenure à mes hommes de Mellant les lettres de liberté que le noble homme Guillaume de Chauvigny, alors seigneur de Meliant, leur avait concédé et confirmé à eux et à leurs héritiers, sous cette forme :

« Qu'il soit connu de tous, tant à venir que présents, que moi, Guillaume de Chauvigny, seigneur de Châteauroux, ayant plein pouvoir sur ma terre, ai construit une ville franche dans mon château de Mellant, à savoir : de l'étang de Crosel jusqu'au cimetière et de la tête du pré jusqu'en Chéré, de telle manière que j'ai affranchi tous mes hommes résidant à l'intérieur de ces limites et tous ceux qui viendront s'y établir, devenant ainsi mes hommes. Et je les ai soumis et astreint pour toujours à la coutume suivante : Tout un chacun possédant des boeufs me paiera chaque année en la fête de Saint Michel un setier d'avoine, deux sous censuels en monnaie et une poule ; Celui par contre ne possédant pas de boeufs me paiera à la même date une mine d'avoine, douze deniers et une poule. J'ai concédé aussi à mesdits hommes habitant à l'intérieur de cette ville libre qu'aucun d'eux à l'intérieur de ces dites limites ne serait arrêté, pour autant qu'il veuille et puisse prouver son bon droit, sauf en cas de vol, violence ou homicide. Tous mes hommes qui habiteront dans cette ville libre pourront retourner librement et en toute sécurité là où ils voudront, avec leurs biens s'ils le désirent. J'ai juré de leur maintenir et conserver fermement cette liberté. Et pour que cela continue fermement et de manière stable, j'ai signé ces lettres et les ai fait garantir par l'apposition de mon sceau. Fait à Melhant, l'an du Seigneur Mil deux cent onze au mois de novembre (ou : l'an du Seigneur Mil deux cent le onzième (jour du mois de novembre).»

J'ai concédé et confirmé cette franchise, comme elle est ci-dessus, aux hommes susdits, avec la restriction que, quant à moi et à mes héritiers, les hommes qui me doivent la taille ne pourront venir ou s'établir dans cette (ville) franche qu'avec mon accord ou celui de mes héritiers. Je veux et concède que mes hommes et leurs héritiers de Mellan demeurant en dehors des limites susdites, mais qui du temps de mon père défunt, le seigneur Louis d'illustre mémoire, avaient obtenu la dite franchise, la conservent à jamais. Pour cette confirmation de leurs lettres de liberté mes dits hommes de Mellant m'ont concédé, à moi et à mes héritiers, d'avoir et de posséder le ban à perpetuité, lequel ban durera six semaines, à savoir : les quinze derniers jours de juillet et tout le mois d'août, de sorte que durant la période susdite aucun d'eux ne pourra vendre de vin si ce n'est avec ma permission ou celle de mes héritiers. J'ai concédé aussi aux dits hommes que chaque fois qu'ils s'en iront (ou qu'ils mourront ?) alors qu'ils me doivent une amende, le tiers de cette amende quelle qu'elle soit leur sera remise à partir de soixante sous et moins. Pour qu'on se souvienne de tout cela et pour qu'on l'observe fermement, moi-même, à la requête des hommes susdits, j'ai fait garantir ces présentes lettres par l'apposition de mon sceau. Fait à Mellant, le dimanche après la fête de la Toussaint, l'an du Seigneur, Mil deux cent soixante et neuf.

 

Traduction d'une copie sur parchemin, non signée et non scellée, conservée aux Archives du Cher, E 258, pièce 50

Remarquer les différents orthographes de Meillant dans ce document.