LES MAIRES DE MEILLANT
1790 - 1990

Il y a deux cents ans, au début de février 1790, Me Antoine Fouquet Desroches, avocat en parlement et jusqu'alors procureur fiscal du bailliage et de la maîtrise des eaux et forêts de Meillant, fut élu premier maire de notre commune.

La division de la France en départements, eux-mêmes partagés en districts, ceux-ci subdivisés en cantons regroupant chacun plusieurs communes, chacune de ces entités étant gouvernée par des élus du peuple, tout cela sonnait le glas de l'ancien régime.

L'ANCIENNE ADMINISTRATION

Aussi loin qu'on puisse remonter dans le passé, Meillant avait toujours plus ou moins dépendu de Charenton-du-Cher, et tout au long des siècles, l'expression « Charenton, Meillant, Chandeuil et Le Pondy » avait résonné comme une litanie.

Bruère ayant un prévôt en 1159, Meillant pouvait bien en avoir un vers la même époque. Mais les textes sont rares. C'est seulement en 1374, donc en pleine guerre de cent ans, qu'on trouve mention de la prévôté de Meillant. Elle était située à Beaulieu, i.e. à l'angle de la rue de Dun et de la route d'Arpheuilles, là où se voit encore un ancien colombier.

Une grange des dîmes et une métairie lui étaient attenantes. Mais probablement l'autorité du prévôt avait déjà été supplantée par celle du bailli. En effet dès 1331 on voit Guillelme de la Prée, « ballif de madame la comtesse de Sancerre, dame de Charenton et de Mellant », rendre la justice à Meillant. L'acte de ce proçès nous apprend que Meillant n'est pas encore en Bourbonnais et possède sa propre coutume.

En 1384, nous savons que le bailli de Charenton est représenté à Meillant par un lieutenant, assisté d'un procureur, d'un receveur et de sergents. La sécurité et l'ordre public sont assurés par un capitaine qui réside au château. Le parc de Meillant est entouré d'une haute muraille dont les restes se voient encore aujourd'hui entre le gros chêne et l'étang de la chaudière. C'est là que les prisonniers étaient détenus. On les faisait sans doute extraire la pierre dans la carrière du loup.

Nous apprenons en 1471 que l'immense forêt de Meillant était administrée par un maître des eaux et forêts, qui était alors Pyon Roussart, seigneur de l'Hosmoy. Il avait sous ses ordres un « prévost des forêts », demeurant aux portes de Dun dans la clairière de Sarolles, et une équipe de sergents forestiers.

Autour de l'an 1500, Me Jehan Lybault, « bachellier en loyx », bâtit sa grande maison, appellée aujoud'hui la Baillite. Le cumul des mandats n'étant pas interdit, il était à la fois procureur du roi à Dun, lieutenant de Charenton, Meillant, Chandeuil et le Pondy, maître des eaux et forêts des dits lieux et châtelain de Taumerais, comme on peut le lire dans l'église sur son épitaphe. À partir de cette date on pourrait dresser une liste assez complète des baillis et de leurs lieutenants, des procureurs, greffiers, huissiers, notaires, tabellions, maîtres des eaux et forêts, gardes-marteau ... de la chatellenie de Meillant.

En octobre 1771, par lettres patentes du roi les justices de Charenton et de Meillant sont unies à celles de Saint-Amand, Orval, Bruère et Epineuil pour former ensemble le bailliage de Saint Amand. Cette union ne durera que dix ans. Le 23 juillet 1781, de nouvelles lettres patentes du roi font renaitre le bailliage de Meillant. Pierre Bonnet de Sarzay, dernier bailli et maître des eaux et forêts de Meillant, devenu entre temps bailli de Saint-Amand, redevient bailli de Meillant.

Antoine Fouquet Desroches, dernier lieutenant de Meillant, devenu entre temps régisseur de la terre de Saint-Amand et d'Orval, devient procureur fiscal des bailliage et maîtrise des eaux et forêts de Meillant.

Mais Janvier 1790 voit la fin de notre bailliage. Ses deux derniers actes sont la pose de scellés sur la cure d'Arpheuilles, le 18 janvier, après la mort de Michel Noulland, « prêtre irlandois », curé du lieu, et une procédure criminelle contre le fifs ….....dit Chiquenotte, accusé d'avoir assassiné le domestique de Nicolas Chaffaut, voiturier à Meillant. Quant à la maîtrise des eaux et forêts, son dernier acte relevé est daté du 24 mars 1790.

LA NOUVELLE ADMINISTRATION

Avec le nouveau découpage de la France, Meillant est détaché du Bourbonnais et réintègre le Haut Berry, devenu le Cher. Réduit au rang de commune du canton de la Celle-Bruère, district de Saint Amand, Meillant est dès lors confiné dans les limites de sa paroisse, perdant au bas mot plus des deux tiers de son territoire, à savoir : toute la paroisse d'Arpheuilles, et partie des paroisses de Contres, Parnay et Uzay. Désormais, pour les affaires relevant du juge de paix les Meillantais devront aller au tribunal de La Celle-Bruère, et pour les affaires plus sérieuses à Saint-Amand.

La commune est administrée par un maire, entouré d'un conseil de cinq officiers municipaux, d'un procureur et d'un greffier, ainsi que d'un conseil de douze notables, le tout formant le Conseil Général de la commune.

En 1790, 29 citoyens actifs seulement vinrent aux urnes. On est encore loin du suffrage universel....

1 - Me Antoine FOUQUET DESROCHES, homme de loi.
Né le 6 mars 1729 à Saint-Amand, il était fils de Me Jean Fouquet, notaire royal et greffier en chef de l'élection de Saint-Amand, et de Marie Lerasle. Le 13 mars 1768 il avait épousé à Meillant Elisabeth Collas, fille de feu Me Antoine Collas, notaire royal, et de Jeanne-Marie Libault. Depuis juin 1779 il résidait dans la « grande maison des Libault », autrement dit : la Baillite. Elu maire dans les premiers jours de février 1790, il démissionne de cette fonction le 1er juillet suivant, car il vient d'être élu au District de Saint-Amand. C'est peut-être lui qui préside les séances du conseil d'administration du district du 17 décembre 1794 au 3 octobre 1795. Il meurt à Saint-Amand le 1 messidor an VIII (20-6-1800) âgé de 71 ans. Le duc de Charost, qui mourra quatre mois plus tard à Paris, envoie à sa veuve une lettre de condoléances que sa famille conserve précieusement.

2 - Gilbert THIVALLET, propriétaire, garde des bois du duc de Charost, puis garde-marteau de la maîtrise des eaux et forêts de Meillant. Il possédait une maison à Saint-Amand, place du marché, à coté de l'agence actuelle du Berry Républicain, mais était domicilié à Meillant depuis la Saint Martin 1786. Elu maire le 11 juillet 1790, il démissionne le 5 novembre de la même année, disant qu'il avait été élu contre son gré et que ses fonctions de maire étaient incompatibles avec ses autres occupations.

3 - Pierre MORLAT, laboureur, très probablement au Chaillou. Elu maire le 14 novembre 1790. C'est sous son administration que les limites de la commune ont été établies. Depuis lors elles n'ont pratiquement pas changé, sauf un petit peu du coté de Champange.

4 - Gilbert PENNET, propriétaire, cabaretier près le cimetière. Elu le 20 novembre 1791. C'est vers la fin de son mandat que les registres paroissiaux sont transportés à la mairie, l'état civil devant être dorénavant tenu par un « officier publique ».

5 - Jean TUELES, maréchal ferrant. Maire du 9 décembre 1792 au 27 octobre 1795. Il devait être plutôt modéré, car après la chute de Robespierre il fut confirmé dans ses fonctions le 2 décembre 1794 par le citoyen Cherrier, représentant du peuple en mission dans le Cher.

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Du 5 brumaire an IV au 30 germinal an VIII, soit pendant quatre ans et demi, Meillant n'eut pas de maire et fut administrée par le « Président de l'administration municipale du canton de La Celle-Bruère ». Le 4 janvier 1801 les agents municipaux suivants furent invités à rendre leurs comptes pour cette période ; à savoir :

- Siméon BONNICHON, pour les ans IV et V.

- Jean-Etienne BONNELAT, pour l'an VI.

- Gilbert PENNET, pour l'an VII

- Siméon BONNICHON, pour les sept premiers mois de l'an VIII.

Tous déclarèrent « n'avoir rien touché ni rien payé ».

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6 - Jean DEBY, Maire depuis le 21 avril 1800, il démissionne entre le 29 mars et le 5 avril 1803, et meurt avant le 24 avril.

7 - Jean-Etienne BONNELAT, propriétaire. Né à Vernais, il était fils d'Etienne Bonnelat, bourgeois, et de Gabrielle Bujon. Il avait épousé à Meillant, le 12 juillet 1792, Catherine Elisabeth Fouquet Desroches, fille du premier maire, et résidait à la Baillite. Nommé maire par décret du préfet, il prête serment devant le maire de Charenton le 5 avril 1803. « De malheureux événements le forcent à démissionner » en juillet 1811, mais il reste membre du conseil.

8 - Gilbert PENNET, à nouveau, est élu maire le 14 juillet 1811. Il sera révoqué par le préfet en septembre 1830 « sur la plainte de plusieurs conseillers » et mourra le 12 juin 1846, âgé de 84 ans. C'est pendant son mandat, en novembre 1818, que la commune, sur les chaudes recommandations du curé Demenitroux, engage son premier instituteur depuis la révolution : Pierre Ternier, né dans la Nièvre le 13-9-1773. Mais il ne sera « légalement nommé » que le 5 mai 1839.

9 - Hippolyte BONNELAT, fils d'Antoine Bonnelat et de Marie-Anne Collas et neveu de Jean-Etienne Bonnelat. Elu maire le 14 septembre 1830, il le restera jusqu'à la révolution de 1848.

10 - Gilbert FOULTIER, maréchal ferrant au Pavé. Né en 1814, il était fils de Jean Foultier et d'Anne Chavignon. Le 3 novembre 1835 il épousa Marie-Célestine Naturel. En février 1848 il se fit désigner « maire provisoire », puis fut confirmé par les électeurs. Le 24 mai 1848 il posa la première pierre de l'école communale des garçons. Il fut révoqué par arrêté préfectoral du 16 mars 1848. « Conspirateur de tous les temps », poursuivi en 1834 dans l'affaire Méry et relâché, jugé en 1848 pour port d'emblèmes séditieux et acquitté, il fut traduit en justice, avec 56 autres meillantais, comme organisateur de la société secrète de Meillant, et fût condamné en février 1852 à cinq ans de forteresse en Algérie. À sa libération il fut interdit de séjour dans le Cher et assigné à résidence à Villefranche-sur-Saône.

11 - Antoine AUDEBRAND, Elu maire le 1er avril 1849, il meurt acciden-tellement le 3 août 1855.

12 - François MOULAT, Adjoint, fait fonction de maire après la mort de son prédécesseur. Maire en mars 1856, il démissionne en juin 1859.

13 - Victor MEUSY,
Né à Saint Germain-le-Rocheux, Côte d'Or, en 1814. Régisseur des Fourneaux et adjoint, il fait fonction de maire pendant trois mois. Elu maire en septembre 1859, il meurt subitement le 31 mars 1861.

14 - Gilbert GONIN, né en 1807, petit fils de Gilbert Pennet, épouse le 28 septembre 1830 Marie-Célestine Bonnelat, soeur d'Hippolyte Bonnelat. Il est nommé maire de Meillant le 9 août 1861.

15 - Jean GUILLEMINET, avait fait partie de la société secrète de Meillant et avait été mis sous surveillance pendant deux ans. Maire du 1er janvier 1868 jusqu'en août ou septembre 1870.

16 - Edouard PETIT, né en 1833, fils de Gilbert-Bon-Amable Petit et de Louise-Clémentine Bonnelat. Il était donc petit-fils de Jean-Etienne Bonnelat, et arrière-petit-fils d'Antoine Fouquet Desroches. Maire d'octobre 1870 au 31 décembre 1878. Il meurt à la Baillite le 23 octobre 1912.

17 - Charles PINAGUET, cordonnier. Maire du 1er janvier 1878 au 20 mai 1888. En 1880, il achète la maison de Nicolas Bourbon, rue des Cas, pour en faire une école communale de filles.

18 - Joseph AUBERGER, maire du 20 mai 1888 au 15 mai 1892.

19 - Charles BOUILLON, maire du 15 mai 1892 au 20 janvier 1907. Le 14 août 1897, il pose la première pierre de notre mairie actuelle.

20 - Louis DESFOUGERES, maire du 20 janvier 1907 au 10 décembre 1919. Le 2 octobre 1913 il pose la première pierre de l'étage du bureau de poste, dont le rez-de-chaussée avait été construit en 1882.

21 - Auguste PINSON, maire du 10 décembre 1919 au 17 mai 1925.

22 - Eugène TABRANT, maire du 17 mai 1925 au 19 mai 1935.

23 - Léon BOUILLON, maire du 19 mai 1935 au 31 octobre 1947.

24 - Charles BERTHOMIER, maire du 31 octobre 1947 au 15 juin 1961.

25 - Léon JACQUIN, élu maire le 6 août 1961. Meurt le 5 décembre 1964.

26 - Victurnien de MORTEMART, maire du 27 mars 1965 au 26 mars 1977.

27 - Muriel de MORTEMART, maire depuis le 26 mars 1977.

R Challet

Bulletin municipal n°7 – janvier 1990