Oh Meillant !



Saint GRELUCHON

de Meillant,

priez pour nous !



 

... Le lendemain, j'allai déjeuner à Meillant, joli village sur le ruisseau de Champange.

On y voyait, avant la révolution, un monastère fameux à plus d'un titre.

Un prieur à triple menton,

Aidé de douze puissants frères,

Y célébrait les saints mystères,

Et suivait les règles austères

Prescrites par saint Greluchon.

C'est là que les femmes affligées de stérilité accouraient de toute part pour faire une neuvaine au patron du lieu, et recevoir l'hospitalité chez les moines, qui les hébergeaient généreusement.

Au bout de neuf jours, elles retournaient près de leurs maris, qu'elles rendaient ordinairement père au bout de neuf mois.

Pour obtenir leur guérison,

On ne voyait faire aux bons pères

Ni pénitence ni prières,

Et je crois qu'ils avaient raison.

C'eût bien été sottise extrême

Que de jeûner tout le carême,

Et de s'ennuyer en saint lieu ;

Car, pourquoi demander à Dieu

Ce que l'on peut faire soi-même ?

 

Hélas ! Ces vigoureux moines n'existent plus que dans la mémoire des dévotes ; la statue du saint, elle-même, a été renversée ; et en 1789 on vit cesser ces miracles, au grand préjudice de la population.

 

 

 

Extrait de "Journal d'un voyageur", dans Pierre VERMOND, (pseudo de Charles Marie ROUSSELET ?), in Chroniques populaires du Berry p 39 & 40, réédition du 2e trimestre 2006, tous droits réservés Luc BILLARD et Associations du livre régionaliste, d'une édition de 1830